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La Piste aux Etoiles!

Derniers commentaires
8 juillet 2007

Ce n'est qu'un au revoir...!

curtainEt oui qui dit fin de l'année scolaire dit arrêt momentané de ce blog pendant les vacances d'été (ce qui ne veut pas dire que je ne viendrai pas y jeter un oeil de temps à autre). Ce message sera court je le promets, pour cause de valises à boucler, maison à ranger, voiture à charger...car eh oui bien sûr je quitte Bridgetville ces 2 prochains mois, cap entre autres sur Paris n'est-ce pas the Rats family, lol!

Et puis aussi ras-le bol des élèves et des parents d'élèves croisés à tous les coins de rue, pas possible de faire un pas sans tomber dessus, et je ne parle pas des 2 (dont Betty mon "cas social perso" si je puis dire et son gay cousin (cf. "récit de journées ordinaires: du calme à la tempête") que je trouve régulièrement assis sur le banc pile poil en face de ma porte d'entrée, on ne me fera pas croire qu'il s'agit d'une pure coincidence! Et pas plus tard qu'hier encore, au rayon "crèmes solaires" d'un grand magasin de cosmétiques, voilà-t-y pas que je me retrouve nez-à-nez avec la mère de l'un de mes Choupinous (et pas des moindres, Madame est déléguée des parents d'élèves et au CA de surcroît siouplé...), elle-même au rayon "gommage et crèmes exfoliantes" (quel souci du détail me direz-vous, c'est que cela fait un petit bout de temps que je n'ai pas écrit...). Cette brave dame, au lieu de me parler projets de vacances, fin d'année , etc... se met à me questionner sur le voyage scolaire prévu en 3e pour l'an prochain (dont son fils ne fera même pas partie puisqu'il sera en 4e!): et où ce sera? combien de temps? et quel type d'hébergement? en famille d'accueil? et on visitera quoi? et on part à quelle heure? en Eurostar ou en jet privé? etc....et là je dis STOOOOOOOOOP! je sature! je suis en VACANCES! certes entre mes maillots de bains et mon appareil photo j'emmène toute une kyrielle de nouveaux manuels à travailler et des projets de séquence à mettre en place plein la tête, mais là trop c'est trop, c'est les VACANCES que diable! Par chance Madame ne s'est pas éternisée puisqu'il a bien fallu qu'elle passe en caisse régler ses produits anti-âge! Ouf!

Bon concluons enfin ce message! je profite de l'occasion pour remercier mes collègues (qui m'ont supportée dans tous les sens du terme cette année, en particulier 2 que je vois partir à regret, mais c'est la vie ...) et tous les lecteurs occasionnels ou réguliers qui ont apporté une petite pierre à l'édifice de ce modeste blog, par leurs commentaires ou le simple fait de s'y connecter. Et bien sûr un grand MERCI à ceux sans qui ce blog n'aurait aucune raison d'être: je veux parler bien sûr des ELEVES, qui sont pour moi une source inépuisable d'inspiration et le seront encore à la rentrée je n'en doute pas!

D'ailleurs vous ai-je dit que ces braves petits m'ont fait moults cadeaux ces derniers jours(de toutes sortes: peluches, T-shirt, petites cartes écrites avec amour, dessins dédicacés et bien sûr, comme ils connaissent bien mes faiblesses, du chocolat et des bonbons à gogo, ça va aider pour mon programme-minceur de l'été ça c'est sûr lol!). Le cadeau qui m'aura le plus touchée restera sans doute la vache-porte-clés offerte par une Chipeste tout à coup toute timide le dernier jour, bien emballée dans son papier cadeau avec le noeud et tout et tout... quand on sait comme j'ai pu m'accrocher avec cette gamine quasi toute l'année (cf. "récit de journées ordinaires: du calme à la tempête") , vous comprendrez que ce cadeau-là a pour moi une saveur toute particulière, et j'ai intérêt à ne pas oublier de l'accrocher à mes clés à la rentrée! Dans la même veine, Tony, l'élève de SEGPA qui m'aura le plus fait suer lui aussi dans son domaine (à faire son "Tony-show" en permanence, tiens je ne serais pas étonnée de le retrouver un jour en candidat ou en tentateur dans l'ïle de la Tentation, émission décadente que je ne regarde surtout pas comme vous devez vous en douter...je suis prof après tout lol!)...et bien Tony, disais-je, est carrément venu me serrer la main ET me faire la bise (sur les 2 joues) le dernier jour! Comme quoi je maintiens ce que je dis souvent: les plus "affreux" sont souvent les plus attachants, et à être sans arrêt sur leur dos au lieu de les laisser végéter dans leur coin près du radiateur pour s'épargner des conflits, on finit quand même par capter leur attention, voire leur intérêt, et à leur manière, ils savent nous en être reconnaissants...des bons côtés d'être prof en ZEP aussi pour ceux qui douteraient qu'ils y en aient...

Donc fin d'année riche en émotions entre les multiples repas, picnics et autres soirées d'adieux au collègues et les au revoirs des élèves (pour certains ils me quittent après 3 ans à se supporter mutuellement, sniiiiiiiifffffff!), j'avoue que le passage brutal de l'effervescence des derniers jours au soudain calme plat des premiers jours de vacances à Bridgetville (passés à ranger mon bureau afin de pouvoir mettre les voiles pour ailleurs avec le sentiment du devoir accompli, un an de cours entassés à classer, ça vous occupe bien 3-4 jours si en plus vous avez la mauvaise idée de vouloir vous faire un sommaire par niveau!) ne s'est pas fait sans mal (brusque impression de tourner en rond et de ne servir à rien...) ni vague à l'âme (à se remémorer les "grands" moments de l'année, sachant qu'avec les changements dans les équipes à la rentrée les autres ne seront plus jamais les mêmes)...mais peut-être après tout cet excès de nostalgie n'est-il dû qu'au manque de sommeil et aux soirées un peu trop arrosées de ces dernières semaines ???

Bon tout ça pour dire, le rideau se ferme sur La Piste aux Etoiles jusqu'en septembre où Bridget sera de retour avec de nouvelles aventures et une promesse: être plus régulière dans mes posts car je reconnais m'être un peu laissée aller ces derniers mois, shame on me (wouaow! je suis même capable d'auto-critique! serait-ce les prémices de ce que l'on nomme l'Age de Raison???)! J'espère que vous aussi lecteurs seraient fidèles au rendez-vous! En attendant de se relire (ou se revoir pour ceux que je connais),

ENJOY YOUR HOLIDAYS! Bonnes Vacances à tous et à toutes! Profitez, ça passe tellement vite...!

See you!

Bridget.

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10 juin 2007

Sportifs d'un jour...

La petite phrase de la semaine:

Vendredi dernier, match de foot profs-élèves dans la cour entre midi et deux (activité très répandue dans les collèges en fin d'année, c'est d'ailleurs à la fréquence grandissante de ce type de tournoi que l'on sait que les vacances sont toutes proches...). Grand moment s'il en est: pour les 3e, c'est "le match de leur vie", l'occasion ou jamais de mettre une bonne raclée à leurs profs avant de quitter définitivement le collège. Pour les profs, gagner est encore plus crucial puisqu'il en va de la réputation, que dis-je!, de l'honneur de tout le corps enseignant! Car même si les 3e ne seront plus là pour savourer leur victoire l'an prochain, la nouvelle de la défaite des profs ne manquera pas de se répandre comme une traînée de poudre dans tout le quartier et se transmettra de génération en génération telle un mythe, si bien que dans 5 ans les petits 6e pourront encore dire "wesh! wesh! nos grands frères ont massacré les profs au foot!". Allez espérer de la crédibilité après ça, lol!...c'est donc pour cela que j'évite de participer à ce genre de compétition (et aussi un peu parce que je n'ai pas la tenue adéquate et que c'est inhumain de faire du sport en plein soleil à midi!), je me contente d'être spectatrice et de soutenir moralement mes collègues (enfin ceux qui le méritent lol!).

Donc vendredi entre midi et deux, pendant que les deux équipes s'affrontaient dans un duel sans merci (phrase un peu trop grandiloquente pour un vulgaire match de foot j'en conviens, j'ai du trop regarder "Troie" il y a 15 jours...), Sue (une collègue) et moi-même mangions tranquillement à la cantine. Et là vous vous dites "bonjour le soutien moral! ça se goinfre de nouilles bien au frais pendant que d'autres suent sang et eau à l'extérieur!". Et oui, la  vie est parfois injuste, c'est sûr.... Les fenêtres de la cantine donnant sur le terrain, entre le plat de nouilles et la glace au chocolat, nous avons bien entendu jeté un coup d'oeil pour savoir qui menait.

Problème: à cette distance, et avec la lumière éblouissante, difficile de distinguer au loin les élèves des collègues, entre tous ces types en shorts, j'avoue qu'on s'y perdait un peu.

D'où la question de Sue: "comment on reconnaît les profs des élèves?".

"C'est facile! les profs c'est les plus gros!!!"...la réponse n'est pas venue de moi mais d'une tablée de fi-filles de 5e juste à côté de nous qui suivaient le match avec attention... Perspicaces les petites, il faut bien reconnaître qu'elles n'ont pas tort en plus! (d'où une raison supplémentaire de ne PAS m'exhiber ainsi face à des yeux aussi inquisiteurs, même pour la beauté du sport! ).

Bon pour info quand même, malgré leurs kilos en trop, mes collègues ont gagné (4 à 3). Ouf! l'honneur de la profession est sauf!

Bridget.

28 mai 2007

Du surréalisme en Segpa...

imagesPetit extrait d'une conversation surréaliste entre Momo, élève de 3e Segpa et votre humble servante, lundi dernier alors que je donnais les moyennes à la classe et leur faisais part de mon bilan avant leur dernier conseil de classe de l'année.

Mais tout d'abord quelques mots sur Momo car il les vaut bien: ça fait 2 ans que je le supporte (pas d'autre mot!) et il est assez exceptionnel dans son genre. Momo a une vision très relative et surtout très personnelle de l'école et de ses droits et devoirs. Donc chaque année, Momo rentre à la mi-octobre car avant, il fait les vendanges avec sa famille. C'est comme ça, nul n'y peut rien, et c'est ainsi depuis la 6e...chaque année, fin mai, Momo quitte le collège car sa famille et lui partent en pélérinage aux Saintes-Maries, à Lourdes ou je ne sais où, avant d'écumer la Côte d'Azur pour faire les marchés. Car oui, ceci expliquant cela, Momo est issu de la communauté des gens du voyage, ce qui n'est pas une tare en soi, mais devient un problème dès qu'il s'agit de s'adapter aux règles élémentaires régissant l'école. Cette année, Momo a fait encore plus fort! suite à un différend avec d'autres membres du "clan", sa famille a du quitter précipitamment Bridgetville en décembre dernier pour les Pyrénées. Nous avons tous poussé un ouf de soulagement à ce départ, mais las! fausse joie, après quelques mois de paix relative dans la classe, Momo nous est revenu comme une fleur fin avril et a repris ses bonnes vieilles habitudes au sein de la classe; à savoir: provoquer ses camarades, s'opposer à tous les ordres qu'on peut lui donner, accabler ses camarades d'insultes toutes aussi "bizarres" que lui (c'est lui qui traite régulièrement les autres de "sale cancéreux" ou de "fausse couche", la dernière en date est heureusement plus sympathique puisque c'est "espèce de gros nez!"!!!).

Momo a ses petites habitudes en cours: il se met systématiquement au fond de la classe, près d'une fenêtre, et qu'il fasse 40°c ou -20°c dehors, son premier geste de l'heure est d'ouvrir cette satanée fenêtre en grand sous prétexte que "j'suis libre moi!". J'ai déjà essayé moultes fois, mais pas moyen de la lui faire fermer. Comme c'est peine perdue, pendant l'hiver, les jours où j'avais cours avec Momo je prévoyais juste ma polaire...A noter aussi que Momo (qui devrait être en IME et non en Segpa, imaginez alors comme c'est facile de lui apprendre des rudiments d'anglais alors qu'il ne comprend pas grand-chose) est particulièrement borné! Au moins une fois par heure il clame haut et fort "moi, j'eeenn aiiiiii riieeen ààà foutre dl'aaanglais!!!!!!! j'm'eeeeeen bââts les couilles d'abord etc..." (non rassure-toi lecteur, ce n'est pas mon clavier qui bugge, j'essaie juste de retranscrire à l'écrit, sans grand succès j'en ai peur, l'accent inimitable de Momo, croisement pas très réussi entre l'accent suisse et l'accent alsacien...). Le faire travailler (en tout cas au moins copier la leçon ou recopier un exercice sur son voisin) demande toute une technique que j'ai mis longtemps à maîtriser. Au début, comme avec n'importe quel élève récalcitrant je suis passée par l'alternance de DoCo2PSuFuLa (Douceur, Colère, Persuasion, Patience, Suppliques, Fureur et Laisse-Tomber). Sans succès, si ce n'est une montée progressive du ton de Momo et une recrudescence insupportable de ses "qu'est-j'en ai à fouuuuuuutre moiii d'l'aaanglais d'abord! j'veux faaire allemaaaaaand!" (Momo a soi-disant de la famille en Allemagne). Et finalement j'ai trouvé! Momo ayant un esprit de contradiction hors-normes, il suffit d'en jouer un peu pour atteindre le but désiré. Ainsi pour lui faire ouvrir son cahier, ne pas lui dire d'un ton agacé "ouvre ton cahier Momo! ça fait 10 minutes que les autres ont commencé!", mais dire plutôt d'un air dégagé (genre "rien ne me touche, rien de ce que tu peux faire ou dire n'atteindra ma sérénité légendaire): "bon ouvrez tous vos cahiers, sauf toi Momo bien sûr! pour toi ce n'est pas la peine puisque tu t'en fiches". Et là, miracle, Momo ne voulant pas que ce soit le dit, ouvre son cahier tranquillement. Pour le décider à relier les drapeaux à leurs pays sur la fiche d'activités concoctée avec amour pendant 2h le weekend précédent, ne pas hurler "mais tu vas te décider à ouvrir ton stylo et à mettre cette satanée fiche à l'endroit!", mais passer devant tous les autres gamins pour les aider, vérifier, expliquer etc...et passer sans s'arrêter devant Momo avec cette petite phrase "bon ben toi je ne vérifie pas, comme de toute façon tu ne fais pas la fiche, ce n'est pas la peine que je vienne t'embêter"...attendre 5 bonnes minutes, tendre l'oreille et là l'accent délicieux: "eehh Mdame! j'lai faite la fiche! c'est juste? j'eeeeeen aiii riieen à foutre, mais c'est jussssste?" . Bon là bien sûr, aller voir, corriger puis dire (en gardant le triomphe modeste quand même) "et ben tu vois quand tu veux que tu peux!". Là en général il répond "mais comme j'veux pô, j'peux pô!"...

Mais pour en revenir à cette fameuse conversation (sans doute l'une des dernières, on est presque fin mai!). Tous les élèves sont attentifs pendant que je leur donne leurs moyennes et appréciations (enfin aussi attentifs que peut l'être un élève de Segpa, c'est-à-dire occupé à bavarder ou à découper un truc ou le regard vide ou se tortillant sur sa chaise ou gloussant...). J'arrive à Momo. Il se balance sur sa chaise, un bras posé sur la fenêtre grande ouverte derrière lui et rêvasse en regardant au loin (donc en fait c'est limite s'il ne me tourne pas carrément le dos).

Miss B: "bon Momo, je ne vais peut-être pas te donner ta moyenne puisque je vois que visiblement ça ne t'intéresse pas..."

Momo (se balançant toujours): "ben si! j'meeen fous moiii, mais ben si!"

Miss B (j'ai cru décelé un léger paradoxe dans cette réplique): "bon en clair, tu la veux ou pas ta moyenne?"

Momo : "ben j'meeen fous, mais vas-y donne moi la ma moyenne quaaaaand mêême!"

Miss B: "dis donc Momo, je ne t'autorise pas à me tutoyer, je te rappelle que nous ne sommes pas de la même famille et que nous n'avons pas fait les vendanges ensemble! alors un peu de respect s'il te plaît !"

Momo: "ah beeeeen ça c'est sûr qu'vous z'avez pas fait les vendanges vous, z'êtes pas trop équipée pour moi j'dis...et puis j'dis "tu" si j'veux d'abord, moi j'suis libre moi, personne me commande moi..."

Miss B (décidant prudemment de ne pas ergoter sur ce que Momo entend par "pas équipée pour"): "la question n'est pas là, dans la vie il y a des règles à respecter, et l'une de ces règles est qu'on vouvoie un adulte qu'on ne connaît pas"

Momo: "mais j'vous connais vous, j'vous avais d'jà l'année dernière!"

Miss B (légèrement exaspérée, d'autant plus que Molly, la gentille gamine de devant, me regarde avec désapprobation et me souffle du bout des lèvres "mais Madame, c'est Momo!!", genre "t'as pas encore compris que tu perds ton temps à tenter de raisonner avec lui"... elle n'a pas tort, mais il se trouve que moi aussi je suis bornée parfois, et que j'aime bien avoir le dernier mot surtout): "oui bien sûr Momo mais moi je suis ton professeur! et tu dois donc me vouvoyer, c'est une marque de respect qu'un élève doit à un professeur"

Momo (pas convaincu, se balançant toujours et me toisant avec effronterie): "mais j'dis tu à ma mère! et j'la respecte ma mère"

Miss B (sentant l'impatience la gagner, d'autant plus que les autres sont vraiment tout ouïe cette fois et commencent à se marrer): "oui mais moi je ne suis pas ta mère mais ton professeur alors à moi tu me dis vous, OK?"

Momo : "mais j'dis "tu" à ma mère, si j'dis "tu" à ma mère, pourquoi que j'te dirais pas "tu" à vous????"

Miss B (vaincue): "OK alors ce trimestre à l'écrit tu as..."

Après cet échange, Momo est revenu au "vous" de circonstance sans problème, je le soupçonne de s'être une fois de plus livré à l'un de ses jeux favoris au collège: la provocation!

10 minutes après cela, nous parlons orientation et les élèves sont tout contents (ou inquiets selon les cas) de me dire qu'ils se sont inscrits dans tel lycée ou qu'ils ont enfin trouvé un patron pour leur apprentissage, qui en maçonnerie qui en boulangerie etc... Comme je suis curieuse et que c'est important de porter le même intérêt à tous ses élèves, je leur demande tour à tour de me dire ce qu'ils feront l'an prochain (ils sont d'autant plus ravis que pendant ce temps-là, ils ne font pas de l'anglais...). Comme je dois être aussi un peu maso, je me tourne vers Momo pour lui demander où il sera l'an prochain, tout en sachant très bien au fond qu'il ne continuera pas ses études (aucun membre de sa famille ne franchis le cap des 16 ans de scolarité obligatoire).

Momo: "ben moi après j'vis ma vie! j'vais faire les vendanges!"

Miss B (naïve): "oui mais après les vendanges, tu vas gagner ta vie comment? il faudra bien que tu ais un métier"

Momo: "ben après les vendanges y a les prunes! puis y a les marchés"

Miss B (désespérée) : "mais cet hiver par exemple, quand il n'y aura plus de fruits à ramasser!"

Momo: "et ben j'me f'rais une petite Caisse d'Epargne ou un Crédit Agricole, sans problème! j'f'rais ma vie quoi!"

Luke (autre élève de la classe, voulant apporter sa pierre à l'édifice): "ouais il a raison Md'ame comme ça il prendra 20 ans de prison, ça l'occupera pour la journée!"

Miss B (soucieuse de préserver sa santé mentale qu'elle sent légèrement vaciller): "bon et bien je vois que ça sonne dans 2 minutes, vous pouvez commencer à ranger vos affaires!"

En sortant, Momo est quand même venu me voir pour me rassurer: non, il ne braquera pas la Caisse d'Epargne, il ira travailler sur les marchés avec ses parents et rempailler des chaises dans le sud parce "que j'suis libre moi! j'vais là où y a du vent! y a personne qui m'commande!" Comme souvent au sortir d'une heure avec mes Segpa, je me suis demandée si nous vivions bien tous dans le même monde, et la réponse, je l'apprends chaque jour un peu plus, est non hélas...

Bridget.

26 mai 2007

I'm not dead!!!!

Soyez rassurés braves gens, Bridget n'est pas morte!!! J'ai honte d'être restée si longtemps (un mois!!!!!) sans donner de nouvelles et vais me remettre à écrire sur ce blog au plus vite (ce weekend donc!), puisque quand même, entre les élèves et les collègues, ce n'est pas comme si je n'avais rien à raconter!!!

A très vite donc!

Bridget.

24 avril 2007

L'humeur du jour....Grrrr!!

Certains soirs, après avoir refait mentalement le film de sa journée et de ses heures avec certaines classes, puis après quelques copies, on se sent un peu comme ça:

001002

C'est le bon moment pour se dire que là, il est vraiment temps d'aller se coucher (et tant pis pour les copies qui s'entassent...), en espérant que l'humeur sera meilleure demain!

Moodily Bridget.

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19 avril 2007

L'art est subjectif...

Heure de soutien français en 6e. Aujourd'hui nous travaillons sur les accords sujet-verbe, point censé être acquis en primaire, mais qui, hélas, pose d'inextricables problèmes à la plupart de nos 6e.

Consigne: "complète les phrases suivantes avec un groupe-sujet qui convient. Sois logique!"

cromagnonL'une des phrases à compléter est: "...................................dessinèrent sur les parois des grottes." Là lecteur je te laisse 2 secondes de réflexion pour compléter toi-même la phrase (il faut bien que tu bosses un peu, déjà que tu ne lâches pas beaucoup de comms je trouve...lol!).

Bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip-bip.

J'imagine qu'après ces quelques secondes d'intense réflexion tu auras répondu, comme tout un chacun doté d'un minimum de sens logique: "les hommes préhistoriques". Et bien Pinpin lui a répondu "les taggeurs"! "ben ouais Mdame! ceux qui dessinent sur les murs c'est bien des taggeurs, non? c'est des racailles même j'crois" Bon, au fond, dans l'absolu, a-t-il vraiment tort ce petit? Car les profs d'histoire occultent complètement cet aspect méconnu des moeurs de nos lointains ancêtres lorsqu'ils étudient la Préhistoire en classe: et oui, en effet, les hommes de Cro-Magnon et autres Homo Erectus ne furent-ils pas les premiers "vandales" de l'histoire??? D'ailleurs la grotte de Lascaux porte encore les traces de leurs méfaits. Mais que faisait donc la police de l'époque??...lol!

En tout cas c'est bien de faire du soutien français aux petits 6e, je ne sais pas si cela leur sert beaucoup à certains (j'ose croire que si, un peu!), mais moi en tout cas j'en apprends tous les jours!!!

8 avril 2007

Un peu de douceur dans ce monde de brut…

pinkteddyLa semaine dernière en 3eI, Chris, encore lui, se fait remarquer d’une bien étrange façon (du moins étrange pour un grand gars de 3e de presque 17 ans, s’il en avait eu 3 ça m’aurait moins surprise !).

En début de cours, pendant que je suis occupée à remplir le billet d’appel, les élèves sortent leurs affaires de leur sac en papotant gaiement, comme à leur habitude, nous sommes en 3eI je le rappelle. Chris sort tranquillement trousse et cahier et….un petit ours en peluche rose pastel avec son nœud-nœud assorti autour du cou, du genre que l’on accroche dans sa voiture (je parle en connaissance de cause, ceux qui, téméraires, ont tenté l’expérience de la Bridgetmobile sauront de quoi je parle, lol !). Il prend beaucoup de temps pour l’installer confortablement assis sur sa table, face à lui et à côté de sa trousse. Plutôt étonnée et sentant déjà une furieuse envie de rire me démanger, je m’attends à de vives réactions de la part de ses voisins, mais à part Jojo qui, à la vue de « l’objet », soupire, lève les yeux au ciel d’un air blasé et décale sa trousse pour qu’elle n’entre pas en contact avec Nounours, rien ne se passe, personne ne réagit, ni ne s’esclaffe, ni ne commente. Ce n’est donc pas à moi de le faire, surtout que pour une fois ils sont tous très calmes, on va pouvoir commencer le cours de suite et pas dans 10 minutes, donc il serait mal venu de ma part de « foutre » moi-même le « bordel » dans mon propre cours par une remarque mal venue. Donc je me tais…. Un bon quart d’heure plus tard, les élèves sont tous concentrés sur leur fiche de travail, ça papote évidemment un peu du côté des filles, et ça se recopie un peu dessus du côté des garçons, mais tout va bien. Soudain, tout à son exercice, Chris empoigne Nounours qui n’avait pas quitté son poste jusque-là, et se met à le faire tournoyer autour de son doigt en le tenant par son cordon. Là c’en est trop, je me dis qu’à ce rythme, dans 2 minutes Nounours va atterrir sur le bureau d’un autre gamin et que cela va inévitablement créer un incident diplomatique ! Incapable de lutter plus longtemps (ça fait quand même 15 minutes que je m’auto-censure pour empêcher toutes les réflexions qui me viennent de franchir mes lèvres !), j’interpelle Chris : « dis moi Chris ! tu n’es pas un peu grand maintenant pour venir en classe avec ton doudou et jouer avec ???? ». Les filles pouffent, Jojo, exaspéré lance « mais ça fait depuis ce matin que c’est comme ça Mdame ! ça craint trop là ! ». Chris, surpris de ma remarque, serre Nounours contre lui et proteste avec véhémence que ce n’est pas son doudou mais un cadeau de sa petite sœur de 2 ans qui le lui a donné en lui disant : « tiens ! t’aime toi ! ». Trooooooooop mignoooooon ! [Avoue lecteur que dans ton for intérieur tu trouves ceci très touchant toi aussi, même si tu es mort de rire !] « Oh Madame c’est trop émouvant vous trouvez pas ? », fait Lolita. Bon OK je dois reconnaître que c’est assez touchant, mais tout de même, n’est-ce pas un peu bizarre de tripoter cette bestiole en peluche en classe, à presque 17 ans, et pour un gamin qui d’habitude est plutôt du genre à jurer comme un charretier ou vanter ses « exploits alcoolisés » et ses conquêtes du weekend ??? Bon, au final, Nounours assistera à l’intégralité du cours d’anglais, posé sur sa table, et sans surprise je peux affirmer qu’il fut ce jour-là mon élève le plus attentif ! Je n’ai pas eu le cœur de le confisquer (il n’y avait pas de raison d’ailleurs), j’ai juste vaguement menacé de le garder en otage sur mon bureau pour remettre Chris au travail à un moment où il était en pleine conférence avec ses voisins. Maintenant j’attends de voir si cette nouvelle « lubie «  va survivre aux vacances et s’il va falloir me faire une raison et accepter la présence permanente de ce nouvel invité dans mon cours. Je n’ose imaginer ce qui pourrait arriver si Nounours se faisait kidnapper ou malmener par un autre élève de la classe. Imaginez un peu le motif sur le rapport d’incident : « ai du exclure Chris de cours après qu’il ait violemment frappé son voisin parce que celui-ci a malencontreusement fait basculer Poil de Carotte de la table ! ». Car oui, j’ai oublié de le préciser, mais Nounours a un nom, Chris l’a baptisé Poil de Carotte (bien qu’il soit rose pâle).

Bridget, en direct du pays des Bisounours.

8 avril 2007

Les vacances, ça a du bon… !

hamacAu risque de vraiment passer pour une fonctionnaire sur-payée toujours en train de râler, je m’expose à la critique et tant pis, vous livre 8 bonnes raisons pour lesquelles je suis contente d’être en vacances et les estime méritées.

1)     lundi dernier, et pour la première fois de ma (courte) carrière, j’ai failli me prendre une claque (ou un coup ?) par l’un de mes élèves de 3e. Par chance c’est à la table devant moi qu’il a destiné un violent coup de pied. Geste qui m’a fait sursauter et expérimenter, pendant un bref instant, un sentiment fort désagréable et inconnu jusqu’alors : la peur face à un élève, certes costaud et tout en nerfs, mais un petit morveux de 15 ans à peine quand même ! Et tout ça parce que j’ai sanctionné Daniel pour ses bavardages et qu’il n’a pas supporté. Il est donc venu réclamer justice à la fin de l’heure d’un ton très agressif. C’est lorsque je lui ai dit, calmement me semble-t-il, que je refusais de discuter avec lui tant qu’il était dans cet état de colère, qu’il a explosé, balancé son sac et son pied dans la table, en vociférant que « ouais j’suis agressif et alors ? j’vais encore me faire exclure, j’vais encore m’en prendre plein le cul à la maison… ». Car oui, ceci expliquant cela, la famille de Daniel ne connaît visiblement d’autre mode d’éducation que les poings, et il en fait souvent les frais. Mais est-ce ma faute ? ???? Deux de ses camarades l’ont finalement pris par le bras pour le faire sortir, il est allé jusqu’à lever la main, menaçant, sur l’un d’eux, une fille, en lui disant « dégage où je vais t’en mettre une à toi aussi ! ». Bon j’alerte la CPE bien sûr et fait un rapport d’incident sur le champ.  Nous décidons que Daniel sera reconduit dans mon cours à la prochaine séance sous escorte de le CPE et qu’il devra me présenter ses plus plates excuses devant toute la classe ; ça me paraît la moindre des choses ! Arrivée en salle des profs, sur les nerfs, et les mains un peu tremblantes, j’évacue le stress accumulé en 2 minutes à peine en racontant l’ »incident » à qui veut l’entendre (ce qui m’a fait beaucoup de bien !). Le lendemain à 8h, le professeur principal de Daniel revient sur l’ »affaire » de la veille pendant son cours et a le malheur de lui dire que j’attends ses excuses. Mal lui en a pris, impulsif et pas calmé pour un brin semble-t-il, Daniel vocifère : « ouais c’est ça ! quoi présenter mes excuses ? c’est à elle [moi donc] de me présenter ses excuses, elle m’a énervée [je lui ai mal parlé soi-disant juste en lui demandant de sortir de ma classe pour aller se calmer ailleurs], d’abord j’suis pas sa pute, j’suis pas son chien !!!! ». Daniel s’est naturellement de nouveau retrouvé exclu dans le bureau de la CPE. Vous comprendrez sans doute qu’apprenant ceci, je me sois sentie quelque peu barbouillée et un tantinet nerveuse le lendemain au réveil, jour-J du retour de Daniel dans mon cours. Bon il et venu, a pris un air penaud, s’est excusé et je l’ai pris 10 minutes en fin d’heure pour discuter calmement avec lui et revenir sur ce qui s’était passé, et lui dire aussi qu’il m’a déçue, blessée et que je vais avoir du mal désormais à lui faire de nouveau confiance. Je suis d’autant plus déçue que j’aime bien Daniel, n’ai jamais eu de conflit avec lui, sait un peu ce qu’il vit chez lui (du moins ce qu’il veut bien en dire ou les traces visibles de temps en temps) et ne comprends pas pourquoi il n’est pas simplement venu me voir pour discuter ; il dira à la CPE qu’il a pété les plombs parce que personne n’a essayé de comprendre ce qui s’était passé chez lui ce weekend. Je ne demandais pas mieux que de comprendre, encore eût-il fallu qu’il veuille bien en parler, et puis en sommes-nous (les profs) responsables ???? Bon dans la foulée Daniel a aussi rédigé 2 lettres d’excuses (une pour moi, une pour son PP), mais sur commande de la CPE. Auxcours suivants, RAS, comme à son habitude, Daniel a participé avec intérêt, a semblé intéressé, en a même fait un poil trop dans le genre « Madame, j’ai bien fait l’exercice » ou « Madame c’est bien cette feuille-là qu’il faut prendre ? ». Bon en clair il essaie de se racheter une conduite, mais est-il vraiment sincère, éprouve-t-il de vrais remords ou lui reste-t-il de la rancœur à mon égard, je ne le saurai jamais, et il m’en reste un sentiment de frustration qui je l’espère aura disparu après les vacances. Si je suis tout à fait objective, je dois dire aussi que la façon dont l’ »incident » a été géré me laisse aussi un peu frustrée : point d’exclusion pour Daniel, il a continué à assister à tous les cours de la semaine, sa famille n’a pas été avertie (il valait mieux sans doute), l’essentiel m’a-t-on-dit est qu’il se soit excusé, devant la classe, et qu’il nous ait rédigé des lettres d’excuse, et puis à la rentrée, Daniel va partir en stage, pour une durée qui reste à déterminer, je ne le verrais donc plus beaucoup d’ici la fin de l’année. C’est sans doute la meilleure chose à faire, mais quand même une petite voix intérieure me souffle qu’il a manqué un petit quelque chose dans cette affaire-là….

2)     Ce matin, pour la première fois depuis des semaines, je n’ai pas eu à me lever à 6h avec la perspective à la clé de rentrer à 18h dans le meilleur des cas, vers 19H voire 20h plutôt les soirs de conseils de classe (sans quitter le collège dans ce laps de temps, qui a dit que les enseignants ne passaient pas assez de temps dans les établissements ????)

3)     Cette semaine, et pour la première fois depuis des semaines, je n’ai pas de parents à appeler /rencontrer ou de RDV à fixer avec eux pour leur remettre des bulletins, les alerter sur le comportement ou les résultats de leur enfant, leur proposer une réorientation, ou leur forcer un peu la main pour leur expliquer que « oui c’est vraiment important que votre fille aille à l’aide aux devoirs, elle en a besoin, elle le demande » et « non je ne crois pas Monsieur, contrairement à ce que vous me dites, que la meilleure solution pour elle soit de rester à la maison et de faire le ménage », « oui quand elle aura 16 ans vous ferez ce que vous voulez mais en attendant l’école reste obligatoire jusqu’à 16 ans ! ». Bref, pendant 15 jours, je vais pouvoir un peu mettre en mode « veille » ma fonction « prof principale »

4)     Cette semaine, je n’aurais pas à empiéter sur mon après-midi de libre pour camper dans le bureau de l’assistante sociale et voir avec elle ce qu’il faut faire pour empêcher les parents de Wilfried de l’envoyer dans une secte, ou si les confidences inquiètes de mes filles de 3eI sur l’une de leur camarade (16 ans) que sa mère aurait « promise » à « un vieux de 35 ans qui va lui faire porter le voile» sont fondées ou non.

5)     Je n’aurais pas non plus à aller voir l’infirmière pour lui parler de Jenna (4e) qui recommence à ne plus manger, est adepte des scarifications et broie du noir en ce moment depuis que sa meilleure amie (en 5e) a fait une TS la semaine dernière en avalant des cachets.

6)     Je n’ai plus de bulletins à remplir …jusqu’au 3e trimestre !

7)     Je me traîne une tension trop basse et une mauvaise toux depuis une semaine et comme enfin je ne vais plus avoir à parler pour couvrir les travaux dans la cour ou mes Segpa en folie, j’ai bon espoir que ça passe.

8)     Je me suis rendue bien sagement à tous mes stages « ioumfesques » super-loin et inutiles …ah non mince, il m’en reste encore un en mai…SHIT!

Donc je suis en vacances et normalement, comme je suis partie me mettre « au vert » loin de Bridgetville, toutes les conditions sont réunies pour que j’arrive à me déconnecter du boulot….sauf que :

1)     j’ai emporté avec moi 4 paquets de copie, fatale erreur de timing, je le sais…

2)     je vais devoir défendre mon « métier » et mes collègues (« tous des fainéants ! ») bec et ongles au prochain repas de famille (pour Pâques) contre des agents EDF à la retraite ou des « ptits chefaillons » d’entreprise à l’esprit aussi étroit qu’un chas d’aiguille …car vous ai-je déjà dit que je suis la seule représentante de l’Education Nationale dans ma famille ??? Heureusement qu’il y a aussi des gens tolérants et compatissants, comme mes parents ou mon frère par exemple (et ma belle-sœur !).       

3)     comme chez moi, quand je rentre pour les vacances, Pôpa-Môman se régalent de mes « petites histoires de classe », et que j’adore en parler (ne me dites pas que ça vous étonne !! lol !), je vais fatalement parler de mes élèves, même si je ne suis pas entourée de collègues, c’est vraiment dramatique être prof, certains jours on a l’impression que c’est à plein temps !

4)     comme à chaque vacances, je vais rêver au moins 3 ou 4 fois de mes élèves la première semaine, moins normalement la 2e semaine si tout va bien

5)     j’ai emmené dans mes bagages quelques livres et documents pour préparer mes prochaines séquences, histoire de m’avancer un peu quoi !…Tiens ceci me fait penser à une réflexion de Dora vendredi (3eZ), sincèrement interloquée et pas du tout ironique comme quoi des élèves qui reconnaissent votre travail et vous en sont même reconnaissants, ça existe !!!  : « vous allez corriger nos copies pendant les vacances ? mais vous allez sûrement préparer des cours aussi…vous allez prendre quand du temps pour vous alors ? non parce qu’y faut ! nous [les élèves] on en prend vachement du temps pour nous pendant les vacances ! » [ah bon ! parce que le reste du temps, hors vacances, vous ne vous consacrez pas essentiellement à vos loisirs aussi ???]

6)     j’écris ce post sur ce blog et j’en ai encore deux autres en projet, pour « se déconnecter » complètement, il doit y avoir mieux comme exutoire !!!

Bridget, en phase de décompression …(c’est pas gagné !!)

31 mars 2007

Le dicton du jour

bootsLa phrase du jour est toute en finesse vous allez vite vous en rendre compte. Il faut dire aussi que son auteur est Toto, élève de 3eI. Je suis très "bottes" (de cuir ou non) ou "bottines", bref j'ai un certain penchant il est vrai pour les talons pointus qui font du bruit, même si le "clac-clac-clac" dans les couloirs du collège fait un peu militaire. Donc hier, je vais en cours avec jupe aux genoux et l'une de mes nombreuses paires de bottes assorties. Jusque là, tout va bien!

A l'entrée de la classe de Toto, tout se gâte. Pas gêné, Toto commente à voix haute: "oh! vous avez des bottes aujourd'hui! [quel sens de l'observation! ]et ben vous savez ce qu'on dit au boulot avec les gars et le patron: Qui porte des bottes...[là il marque une petite hésitation, dit hésiter à continuer et précise bien que ce n'est pas lui qui le dit, il ne fait que répéter, "m'punissez pas siouplé c'est les vacances aujourd'hui!"]...n'a pas de culotte!!!". Je ne l'avais jamais entendue celle-là, je me suis dépêchée d'orienter la classe sur un autre sujet, tiens pourquoi pas l'anglais par exemple puisqu'ils sont en cours d'anglais???? Grrrrrrr.

Mais Chris, ne voulant pas être en reste, y va de sa petite phrase à lui et lance à la cantonnade: "et ben chez moi on dit "Femme qui rit..."". Celle-là je la connaissais ("...à moitié dans ton lit!"), je l'ai donc coupé net dans son élan (faut quand même pas exagérer, on n'est pas chez Patrick Sébastien!!!), tout en prenant mentalement la ferme résolution de NE PLUS JAMAIS AU GRAND JAMAIS rire ni même sourire à une remarque d'élève dans cette classe, et ce jusqu'à la fin de l'année!!! (j'ai tenu 30 minutes à peine, vous apprendrez pourquoi dans le prochain post, demain si je le veux bien!).

Cinq bonnes minutes après la bataille, Jojo, qui n'a visiblement pas tout suivi ni tout compris, demande gentiment: "Madame! ça veut dire quoi cte phrase-là, "femme qui rit n'a pas de bottes"???". Je lui ai répondu qu'elle voulait dire exactement ce qu'elle avait l'air de vouloir dire, c'est-à-dire rien!

Bridget (oui je porte des bottes, et non je ne me sens nullement concernée par la suite du dicton...de toute façon vous ne le saurez jamais hi hi hi!)

30 mars 2007

Perles rares...

Dernière séance en Segpa avant les vacances, et là grand festival du "tout et n'importe quoi" que je vous livre en vrac (l'expression "en vrac" étant au fond l'exacte définition de ce que peut être un cours de Segpa euh...disons...une fois sur deux!).

- commençons par Lola: Lola est une élève gentille mais têtue comme une mule et toujours surexcitée, en proie à d'énormes crises de fou rire environ 4 ou 5 fois par cours, et ayant une forte tendance à glapir d'une voix suraigüe là où d'aucun parle normalement  (bien qu'elle m'ait fait perdre quelques décibels à l'oreille gauche et aggravé une migraine à l'occasion, je ne lui en tiens pas rigueur et l'aime bien au fond car elle est toujours souriante et vachement motivée chez moi!). Donc Lola tiens absolument à corriger elle la phrase (e) de l'exercice. Elle trépigne donc sur sa chaise, le bras en l'air en criant d'une voix de plus en plus stridente "Madame! Madame!". Comme elle a déjà fait les phrases (a), (c) et (d), mon choix se porte plutôt vers un autre élève et au moment où je m'apprête à interroger celui-ci, la voilà qui hurle (voix suraigüe): "Mamaaaaaan!". Bon ça lui a échappé visiblement, elle en est devenue toute rouge et est partie dans l'un de ses célèbres fous rires. Moi, mi-amusée mi-fâchée (elle m'a fait sursauter quand même!), je lui dis que ce n'est pas grave, et comme la classe a l'air de trouver que "si quand même!", j'ajoute "tant qu'elle ne m'appelle pas Papa, tout va bien!". Tony, du fond de la classe où il est avachi depuis 20 bonnes minutes les yeux dans le vague, se redresse alors et me lance, un rien provocateur: "non moi je crois le pire ce s'rait quand même qu'elle vous appelle grand-mère!". Tu m'étonnes...

ampoule- la lumière projetée sur le tableau blanc par le rétroprojecteur gêne Didou qui s'en plaint bruyamment: "Madame ça brille trop j'y vois rien!". Tony, encore lui, me fait son regard qu'il qualifie lui-même de "lover", et lui répond : "mais non c'est pas le rétro, tu vois bien que c'est la brillance de la prof qui nous illumine!"...Sniiif! c'en était presque beau...lol!

- nous rebrassons le vocabulaire des métiers, sujet qui intéresse forcément les élèves puisqu'étant en 3e Segpa, ils font déjà des stages en entreprise. Nous en sommes à serveur / serveuse (waiter / waitress) et policier / policière (policeman / policewoman). Certains élèves (garçons bien sûr) trouvent bizarre qu'il y ait un mot exprès pour les femmes. Je leur réponds que c'est ça l'égalité. Comme les Segpa fonctionnent par association d'idées, ce mot leur rappelle tout à coup leur cours d'éducation civique, et Tony, toujours lui, s'écrie "ouais et y a la liberté aussi!". "Bieennnn!", dis-je, "et le troisième?" (ne jamais rater une occasion d'inculquer un petit quelque chose à des élèves de Segpa quand l'occasion se présente...tant pis si en sortant du cours à 16h ils auront oublié ce dont on a parlé à 15 h...). Les élèves cherchent, Didou se concentre, il sait que le mot cherché doit se terminer aussi par "-té", puis son visage s'illumine et il s'écrie, ravi d'avoir trouvé: "électricité!!!". Et oui mes bien chers compatriotes, la nouvelle devise de notre beau pays est "liberté, égalité, électricité"!...ils vont être contents de l'apprendre chez EDF!!!! Bon là, fou rire général de la classe, et de la prof évidemment...

- j'ai donné 5 minutes à la classe pour faire une activité (trouver à quels métiers correspondent des définitions), et comme d'hab', je passe d'élève en élève pour réexpliquer les consignes individuellement à chacun, faire prendre son stylo à l'un, empêcher un autre de mettre du stabilo sur les joues de son voisin, corriger, faire ouvrir son cahier à Didou qui a cru que l'injonction "il vous reste 5 minutes" signifiait qu'il était temps de ranger ses affaires pour la fin de l'heure, écouter les jérémiades de Untelle qui se plaint que Bidule l'a traitée de "sale p***" et la contre-attaque de Bidule qui pleurniche que c'est Untelle qui a commencé en la traitant de "fausse blonde" etc... bref, là où des classes dites "générales" sont calmes quand mises en autonomie sur une courte activité à l'écrit, en Segpa c'est du sport!!!! Je leur dis d'ailleurs, car bien sûr quand je suis à gauche c'est forcément un élève de la rangée de droite qui m'appelle comme si sa vie en dépendait "Madame! vite! venez me voir! ça presse!", et vice-versa. Donc je leur dis en soupirant "et ben avec vous on peut dire que j'en fais des kilomètres en une heure!!". "Ben ça vous fait du bien!" s'exclame Benji. Je prends mon air courroucé pour lui répliquer "et bien merci! dis tout de suite que j'ai besoin de faire du sport pour ma ligne!". "Mais non Mdame!", s'excuse Benji, un peu confus, "c'est juste je veux dire ça fait du bien de marcher, c'est bon pour votre circulation sanguine!"...Si même les élèves se mettent à vouloir m'inciter à faire du sport!! je croirais entendre ma mère (ou certains de mes collègues!!!).

- last but not least: les élèves doivent se poser des questions, Lulu interroge Nini qui est justement en train de baîller à gorge déployée à ce moment-là. Nini ne peux donc pas répondre sur le champ, Lulu s'en impatiente et l'apostrophe: "alors tu accouches? tu vas répondre oui?". Nini finit tranquillement de bailler puis se tourne vers Lulu pour lui lancer ce cri du coeur exaspéré: "mais tu me laisses bailler oui?"...

Si je vous dis que des échanges de ce style en Segpa, il y en a à chaque cours, à plusieurs reprises, et encore là je vous épargne les fois où ils s'insultent copieusement et en des termes que je n'avais même jamais entendu (l'an dernier, l'un de mes élèves insultait régulièrement les autres en les traitant de "fausse couche" ou de "sale cancéreux"...je trouvais ça horrible et encore plus choquant que leurs habituels "va niquer ta mère la p*** gros bâtard!", qui reste un classique indétrônable), ou alors ces jours où leurs hormones parlent pour eux et où ils se laissent alors aller à des commentaires à haute teneur pornographique...bref si je vous dis tout cela, j'ose croire que vous comprendrez (un peu, en tout cas les non-profs qui persistent à croire qu'on n'en fiche quand même pas bien lourd dans l'Education Nationale, "c'est-y pas honteux ma bonne dame!") pourquoi je suis quelque peu Lassitude et Soupir ce soir, bien qu'en vacances depuis quelques heures à peine...

Bridget (il a raison Didou, si tout le monde avait de l'électricité à tous les étages, lui le premier, ça irait quand même vachement mieux...).

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